lundi 9 novembre 2015

Critique : Le fils de Saul

Réalisateur : Lázló Nemes

Acteurs principaux : Géza Röhrig, Levente Molnar, Urs Rechn...

Note : C'est compliqué


Saul fait parti du sonderkommando au camp d'Auschwitz-Birkenau en 1944 : C'est un prisonnier sélectionné pour faire entrer les convois dans les chambres à gaz, vider les corps et les nettoyer. Les membres du sonderkommando sont tués comme les autres après quelque mois de "travail". Un jour, Saul pense reconnaître son fils  parmi les victimes.  Dès lors,  il se raccrochera à l'espoir d'offrir une sépulture et un kaddish (prière faite par un rabbin) au corps. Dans le même temps, le sonderkommando prépare une révolte...

"Le fils de Saul" fera sans doute date dans l'histoire du cinéma, comme l'ont souligné de nombreux critiques. Il y a plusieurs raisons à cela : Tout d'abord, la manière dont le jeune metteur en scène hongrois film le camp sans le filmer est virtuose. La caméra reste fixée sur le visage de Saul, ce qui permet d'éviter l'étalage morbide du camp. Lesspectateurs restent cantonnés  à la  vision que Saul a du camp, ce qui renforce le réalisme viscérale du film. Les mouvements de caméra, alliés à l'insupportable vacarme des victimes emprisonnés dans les chambres à gaz, prennent le spectateur aux tripes. De manière générale, au cinéma, il est toujours plus efficace de cacher l'horreur plutôt que de la montrer (Encore qu'ici elle soit parfois bien visible, ce qui reste normal au vu du sujet)

"Le fils de Saul" est aussi révolutionnaire dans la mesure où, pour la première fois, un réalisateur s'intéresse à un prisonnier d'Auschwitz en tant que personne. Le spectateur a presque l'impression de lire dans les pensées de Saul, et là encore la mise en scène y est pour beaucoup. Avec une grande justesse, Laszlo Nemes film l'homme qui tente de se raccrocher à un but pour rester humain, pour continuer à ressentir des émotions malgré l'horreur quotidienne et la proximité de la mort. La mise en scène de Nemes reflète clairement sa volonté de ne pas s'intéresser au camp, mais à l'homme dans le camp.

Ce thème fait la force du film mais marque aussi ses limites, et c'est pourquoi il m'est impossible de lui donner une note. Le film a beau être très réussi, jamais il n'atteindra son but : Mettre le spectateur à la place d'un déporté juif d'Auschwitz. Malgré tous les efforts du réalisateur, je suis resté dépassé  par une horreur impossible à imaginer si on ne l'a pas soi-même vécue , et ce serait un mensonge de dire que j'ai compris ce que ressentait un prisonnier à Auschwitz-Birkenau. Le film apporte tout de même une réflexion très intéressante au spectateur, et constitue un véritable chef-d'œuvre.


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